Outils GenAI et confidentialité des données, les défis à relever pour les avocats

Au menu aujourd’hui :

💡 L’intérêt de Gabrielle pour ces nouveaux outils GenAI

😱 A l’ère de ChatGPT, le métier d’avocat est-il devenu obsolète?

🔓 Quelle confidentialité des données clients lors de l’usage des outils GenAI?

🚀 l’IA : une spécialisation en devenir pour le métier d’avocat?

👀 Où se renseigner - les sources recommandées par Gabrielle

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🍰 MF : hello Gabrielle, la profession d’avocat donne parfois à tort l’illustration d’un univers de paperasse, qu’est-ce qui t’intéresse dans ces nouveaux outils GenAI ?

👉 Gabrielle :‍

Je trouve cela très intéressant d’observer comment ces nouveaux outils transforment aussi rapidement de nombreux métiers. Il s'agit d'une révolution qui ne se limite pas aux professions modernes, mais s'étend également à des métiers dont la pratique remonte à plusieurs centaines d’années, comme la profession d’avocat. Cette transformation rapide soulève des questions fascinantes et complexes.

En tant que juriste, ce qui m’intéresse aussi beaucoup, ce sont les questions liées au droit d’auteur et plus globalement à la propriété intellectuelle avec l’usage de tels outils. La manière dont ces outils interagissent avec les lois existantes est un domaine riche en défis et en opportunités. C’est très stimulant de voir comment la réglementation actuelle permet d’apporter des réponses à ce sujet. Les lois qui régissent ces domaines sont souvent anciennes et ont été conçues dans un contexte très différent. La manière dont elles s'appliquent à la technologie moderne est un sujet de débat et d'étude continus.

Mais on peut se demander si la réglementation sera amenée à évoluer avec l’arrivée de ces outils. La technologie évolue à un rythme si rapide que la loi peut avoir du mal à suivre. Cela peut conduire à des zones grises où la réglementation existante ne s'applique pas parfaitement. La nécessité d'une réforme législative, ou du moins d'une interprétation nouvelle et plus nuancée des lois existantes, est un sujet qui mérite une attention sérieuse.

🍰 MF : Alors rentrons dans le vif du sujet ! Le métier d’avocat à l’ère de ChatGPT : obsolète ou pas?

👉 Gabrielle :

L'intelligence artificielle (IA) est en train de révolutionner le monde du travail, y compris les professions traditionnellement réservées aux cols blancs comme celle d'avocat. Certains prédisent que l'IA pourrait rendre obsolète le rôle de l'avocat, voire constituer une menace pour la profession. Cependant, je ne partage pas cet avis. Au contraire, je vois l'IA comme une opportunité pour les avocats de se réinventer et d'améliorer leur pratique.

L'IA offre aux avocats des outils pour accélérer leur "production". Par exemple, aux Etats-Unis, des plateformes comme Lex Machina utilisent l'IA pour prédire le comportement des tribunaux, des juges, des avocats et des parties, ce qui peut aider à élaborer des stratégies gagnantes.

L'IA facilite également le quotidien de l'avocat en automatisant certaines tâches. Par exemple, la recherche de jurisprudence et de lois peut être grandement facilitée. Certains cabinets anglo-saxons développent même leur propre IA pour la recherche de jurisprudence. L'automatisation des actes est une autre application de l'IA qui peut aider les avocats à gagner en efficacité.

Cela libère du temps pour les avocats, leur permettant de se concentrer sur d'autres tâches et sur l'aspect fondamental de leur métier que l'IA aura du mal à remplacer : le conseil.

A mes yeux, le rôle de l'avocat ne se limite pas à la rédaction d'actes. L'avocat applique son expérience acquise à travers de nombreux dossiers pour analyser, discerner, critiquer et apporter un conseil ajusté à son client. C'est un aspect du métier d'avocat que l'IA ne peut pas remplacer.

Il est également important de noter que l'IA a ses limites. Par exemple, aux États-Unis, un avocat a été condamné pour avoir utilisé ChatGPT dans un dossier sans avoir vérifié la véracité des éléments fournis par ChatGPT. La jurisprudence citée par ChatGPT était fausse ! Cela montre que l'IA ne peut pas remplacer le jugement humain et l'expertise professionnelle.

Le juridique est souvent perçu comme un sujet pénible et stressant pour les clients! L’arrivée de d’outils GenAI est une vraie bonne nouvelle pour permettre aux avocats de se concentrer sur leur relation avec le client.

🍰 MF : On parle beaucoup de l’amélioration des modèles LLM via les données mises en entrée par les utilisateurs, cela crée des enjeux de sécurisation des données privées des entreprises, comment conseillerais-tu à la profession d’avocat de l’aborder au quotidien ?

👉 Gabrielle :

L'amélioration des modèles de langage à grande échelle comme ChatGPT grâce aux données d'entrée soulève effectivement des questions importantes en matière de respect du Règlement général sur la protection des données (RGPD) et plus généralement de confidentialité des données. Je l’aborderai de la façon suivante :

1. Vigilance avec les informations sensibles : Il est important de ne pas partager d'informations sensibles, car l'IA pourrait les utiliser dans le processus d'apprentissage.
2. Développement d'IA en circuit fermé : Pour les entreprises et cabinets qui souhaitent minimiser les risques de fuite de données, le développement d'une IA en circuit fermé peut être une solution. Cela signifie que l'IA est formée et utilisée uniquement avec les données internes de l'entreprise, sans interaction avec des données externes.
3. Respect du secret professionnel de l’avocat : le secret professionnel est la base de toute relation juridique ! Les outils doivent respecter les normes les plus strictes en matière de sécurité et de confidentialité des données.
4. Validation humaine de l'information : Bien que ChatGPT puisse être un outil précieux pour la recherche juridique et la création de documents, je les ferais automatiquement revoir par un professionnel compétent avant d'être utilisées dans un contexte juridique.
5. Formation à l'utilisation des outils GenAI : il faut éduquer la profession pour éviter des usages non maîtrisés qui peuvent entrainer des catastrophes !

🍰 MF : Oui beaucoup de tâches du quotidien vont être automatisées, mais l’IA pourrait aussi offrir de nouveaux débouchés pour les avocats suite aux nouvelles réglementations à venir?

👉 Gabrielle :‍

L'intelligence artificielle (IA), comme toute technologie émergente présente effectivement de nouvelles questions notamment dans le domaine de la propriété intellectuelle ou encore en termes de responsabilité.

À l'heure actuelle, il n'y a pas de législation spécifique à l'IA, mais avec l'introduction prochaine de l'AI Act au niveau européen, la situation pourrait changer. Ce projet de règlement, actuellement examiné par le Parlement européen, vise à encadrer l'utilisation et la commercialisation des intelligences artificielles. Il présente quatre niveaux de protection : ce qui est interdit, ce qui est à haut risque, ce qui est à moyen risque et ce qui est autorisé.

Parmi les systèmes interdits, on retrouve ceux qui exploitent les personnes vulnérables, l'identification biométrique à distance, les systèmes de "score social" et les techniques subliminales. Les systèmes "à haut risque" nécessiteront une évaluation des agences nationales avant leur mise en application. Les systèmes "à moyen risque" auront une obligation de transparence spécifique, tandis que les systèmes autorisés, comme les objets connectés du quotidien, n'auront pas d'autorisation ni de transparence spécifique à présenter.

Cela pourrait créer de nouvelles opportunités pour les avocats qui cherchent à se spécialiser dans ce domaine. Cependant, il est important de noter que le raisonnement juridique reste le même, qu'il s'agisse de questions liées à l'IA ou non. Un avocat compétent dans les domaines contractuels, de la protection des données personnelles et de la propriété intellectuelle sera également capable de gérer les questions liées à l'IA !

🍰 MF : canon merci Gabrielle ! Est-ce que tu peux nous laisser les sources que tu recommandes pour aller plus loin sur le sujet ?

👉 Gabrielle :

💻 un podcast - "Reexamining 'Fair Use' in the Age of AI" sur le site de Stanford HAI. Ce podcast examine les implications de l'IA générative qui produit de nouvelles langues et images basées sur du matériel protégé par des droits d'auteur au regard du droit américain. Il soulève des questions sur qui doit recevoir le crédit pour ces créations et comment le droit d’auteur américain sur le “fair use” s'applique dans ce contexte.

🎙️ un autre podcast - "AI, copyright and collective knowledge" sur Another Podcast. Ce podcast pose la question de savoir qui possède le résultat lorsque vous passez une heure à taper des prompts dans MidJourney. Il souligne que ces nouvelles questions présentent de nouveaux défis, tout comme la radio, la photographie ou la musique avant. Ici aussi, il s’agit d’une discussion au regard du copyright anglo-saxon.

📰 un article - "L'avocat de demain sera-t-il une intelligence artificielle ?" sur le site Les Echos. Cet article explore comment l'intelligence artificielle va faire évoluer les pratiques du droit, mais ne menace pas forcément le métier d'avocat. Au contraire, la digitalisation offre de belles perspectives pour le métier.

📚 un livre - "La guerre des intelligences à l'heure de Chat GPT" par Laurent Alexandre. Ce livre n'est pas spécifiquement sur le métier d'avocat, mais il est un grand classique sur le sujet de l'intelligence artificielle.

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Très belle semaine à tous !

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— l’équipe millefeuille.ai

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